Poème
Titre : Quand je partirai
Auteur : anonyme – texte hawaïen
Date : Inconnu
A : Ceux qui restent
Forme : Poème
Longueur : Long
Thématique : Espérance, acceptation, éternité
Texte : Maintenant que je suis parti, laissez-moi aller
Même s’il me restait encore des choses à voir et à faire.
Ma route ne s’arrête pas ici.
Ne vous attachez pas à moi à travers vos larmes.
Soyez heureux de toutes les années passées ensemble.
Je vous ai donné mon amour,
Et vous pouvez seulement deviner combien de bonheur vous m’avez apporté.
Je vous remercie pour l’amour que vous m’avez témoigné
Mais il est temps maintenant que je poursuive ma route.
Pleurez-moi quelque temps, si pleurer il vous faut.
Et ensuite, laissez votre peine se transformer en joie
Car c’est pour un moment seulement que nous nous séparons.
Bénissez donc les souvenirs qui sont dans votre cœur.
Je ne serai pas très loin, car la vie se poursuit.
Si vous avez besoin de moi, appelez-moi, je viendrai
Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher.
Je serai près de vous.
Et si vous écoutez avec votre cœur,
Vous percevrez tout mon amour autour de vous dans sa douceur et sa clarté.
Et puis, quand vous viendrez à votre tour par ici,
Je vous accueillerai avec le sourire
Et je vous dirai : « bienvenue chez nous ».
Titre : Le livre de la vie
Auteur : Alphonse de Lamartine
Date : 1888
A : Un être aimé disparu
Forme : poème
Longueur : court
Thématique : Acceptation/Temps qui passe
Texte : Le livre de la vie est le livre suprême
Qu’on ne peut ni fermer, ni ouvrir à son choix
Le passage attachant ne s’y lit pas deux fois
Mais le feuillet fatal se tourne de lui-même
On voudrait revenir à la page que l’on aime
Et la page où l’on meurt est déjà sous vos doigts
Titre : À la rencontre des bien-aimés
Auteur : Poème de Kabylie
Date : Inconnu
A : Un être aimé disparu
Forme : Poème
Longueur : Moyen
Thématique : Absence/Tristesse
Texte : Qu’on aimerait suivre les âmes
Au pays où elles s’enfuient.
Je marcherais la nuit, le jour,
Et les cieux je parcourrais
Pour voir les bien-aimés
Qui m’ont laissée le cœur blessé.
Qui voudrait m’accompagner
Au pays où se trouvent les âmes ?
Nous irions à leur recherche
Et nous mêlant aux oiseaux,
Nous nous élèverions en plein ciel
Vers mes enfants bien-aimés.
Qu’on aimerait suivre les âmes
Au pays où elles s’enfuient.
J’irais à travers les cieux,
Cheminant avec les étoiles,
À la rencontre des bien-aimés
Par qui mon cœur est endeuillé.
Titre : Quand je serai morte
Auteur : Christina Rossetti, Royaume-Uni
Date : 1830-1894
A : Unêtre aimé qui reste
Forme : Poème
Longueur : Court
Thématique : Acceptation
Texte : Quand je serai morte, mon aimé,
Ne chante pas de tristes chants.
Ne plante pas de roses sur ma tête,
Ni de cyprès trop lourd.
Fais en sorte que l’herbe y pousse,
Tapis de pluie ou de rosée.
Et si tu le veux, pense à moi.
Et si tu le veux, oublie-moi.
Je ne verrai point les ombres,
je ne sentirai point la pluie,
je n'entendrai point le rossignol
continuer de chanter, comme s'il était douloureux :
et rêvant à travers le crépuscule
qui ni ne se lève, ni ne se couche,
heureuse, je pourrais me souvenir,
heureuse, je pourrais oublier.
Titre : La tombe dit à la rose
Auteur : Victor Hugo
Date : 1837
A : Un conjoint
Forme : poème extrait de « Les voix intérieures »
Longueur : Court
Thématique : Esperance/eternité
Texte : La tombe dit à la rose :
– Des pleurs dont l’aube t’arrose
Que fais-tu, fleur des amours ?
La rose dit à la tombe :
– Que fais-tu de ce qui tombe
Dans ton gouffre ouvert toujours ?
La rose dit : – Tombeau sombre,
De ces pleurs je fais dans l’ombre
Un parfum d’ambre et de miel.
La tombe dit : – Fleur plaintive,
De chaque âme qui m’arrive
Je fais un ange du ciel !
Titre : Clair soit le havre de ton âme !
Auteur : George Byron
Date : 1808
A : Un être aimé disparu
Forme : Poème
Longueur : Moyen
Thématique : Espérance/Amour éternel
Texte : Clair soit le havre de ton âme
Nul esprit plus cher que le tien
Ne jaillit de son mortel frein
Dans les orbes saints pour briller.
Ci-bas tu ne fus que divine,
Comme sera toujours ton âme;
Que notre chagrin ne se plaigne,
Lorsqu'il sait ton Dieu avec toi.
Légère soit l’herbe à ta tombe !
Et sa verdure d’émeraude ;
Que ne plane ombre des Ténèbres
Sur ce qui te rappelle à nous.
Qu’arbre toujours vert, jeunes fleurs,
Du lit de ton repos jaillissent :
Mais n’y voyons cyprès ni ifs ;
Pourquoi, aux saints, donner des pleurs ?
Titre : Puisque j’ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine
Auteur : Victor Hugo
Date : 1835
A : Un conjoint
Forme : Poème
Longueur : Long
Thématique : Gratitude/amour Eternel
Texte : Puisque j’ai mis ma lèvre à ta coupe encore pleine ;
Puisque j’ai dans tes mains posé mon front pâli ;
Puisque j’ai respiré parfois la douce haleine
De ton âme, parfum dans l’ombre enseveli ;
Puisqu’il me fut donné de t’entendre me dire
Les mots où se répand le cœur mystérieux ;
Puisque j’ai vu pleurer, puisque j’ai vu sourire
Ta bouche sur ma bouche et tes yeux sur mes yeux ;
Puisque j’ai vu briller sur ma tête ravie
Un rayon de ton astre, hélas ! voilé toujours ;
Puisque j’ai vu tomber dans l’onde de ma vie
Une feuille de rose arrachée à tes jours ;
Je puis maintenant dire aux rapides années :
– Passez ! passez toujours ! je n’ai plus à vieillir !
Allez-vous-en avec vos fleurs toutes fanées ;
J’ai dans l’âme une fleur que nul ne peut cueillir !
Votre aile en le heurtant ne fera rien répandre
Du vase où je m’abreuve et que j’ai bien rempli.
Mon âme a plus de feu que vous n’avez de cendre !
Mon cœur a plus d’amour que vous n’avez d’oubli !
Titre : Maison de famille
Auteur : Antonin-Dalmace Sertillanges
Date : 1863-1948
A : Un être aimé disparu
Forme : Prière
Longueur : Moyen
Thématique : Esperance/Eternité
Texte : Lorsqu’un être cher nous quitte
La famille ne se détruit pas,
Elle se transforme.
Une part d’elle va dans l’invisible...
On croit que la mort est une absence
Alors qu’elle est une « présence secrète ».
On croit qu’elle crée une infinie distance
Alors qu’elle supprime toute distance en ramenant
À l’esprit ce qui se localisait dans la chair...
Plus il y a d’êtres qui ont quitté le foyer,
Plus les survivants ont d’attaches célestes.
Le ciel n’est plus uniquement peuplé d’anges.
De saints inconnus du Dieu mystérieux,
Il devient familier.
C’est la maison de famille en son étage supérieur,
Et du haut en bas, le souvenir, les appels, se répondent
Titre : Je te reconnaîtrai
Auteur : Inconnu
Date : Inconnu
A : Un être aimé disparu
Forme : Poème
Longueur : Moyen
Thématique : Amour éternel / Gratitude
Texte : Nous sommes deux rivières dont
les eaux sont mêlées dans l’unique océan.
Même si trop de larmes ont sillonné de rides
le creux de tes paupières,
même si la douleur et tous nos désespoirs
ont fait de tes cheveux des filaments de givre,
je te reconnaîtrai.
Et même si le poids des années de chagrin
a courbé tes épaules
à force de chercher de tout petits morceaux de joie
et de tendresse,
aux cendres du passé,
je te reconnaîtrai.
Même si ton regard a usé son éclat,
s’est terni pour toujours,
tant il a contemplé de misère et de haine, et tant d’obscurité,
même en tout cela, je te reconnaîtrai.
Nous sommes deux rivières
dont les eaux sont mêlées dans l’unique océan,
et rien ne pourra jamais plus nous séparer.
Même au-delà du temps, je te reconnaîtrai.
Titre : Sur la pointe du pied
Auteur : Émile Blémont
Date : 1899
A : Un enfant
Forme : Poème
Longueur : Moyen
Thématique : Absence/Souvenir
Texte : Le soir, après avoir veillé tard sur un livre,
Quand ma lampe charbonne en son cercle de cuivre,
Quand, au loin, dans Paris silencieux et noir,
L’écho des derniers pas meurt le long du trottoir,
Je sors de mon travail fiévreux, comme d’un rêve.
Je dégage mon front de mes mains ; je me lève
Péniblement, les yeux obscurcis, l’esprit las.
À travers ma langueur minuit sonne le glas ;
Il faut se reposer, c’est l’heure coutumière.
Je pousse le fauteuil, j’emporte la lumière
Et je gagne la chambre à coucher. Mais devant
La pièce où sommeillait naguère notre enfant ;
Je crains (c’est un retour de l’ancienne habitude),
Je crains, dans ce silence et cette solitude,
De faire trop de bruit. Je marche à petits pas,
Sur la pointe du pied, tout doucement, tout bas ;
Et je m’arrête court, en suspens, immobile,
Dès que le parquet craque en la maison tranquille.
– Comme si nous l’avions toujours là ! Comme si
Notre fragile espoir, notre tendre souci,
Notre bel enfant rose, en attendant l’aurore,
Dans les blancheurs de son berceau dormait encore.
Titre : Quand vous viendrez vers moi
Auteur : Inconnu
Date : Inconnu
A : Ceux qui restent
Forme : Poème
Longueur : Court
Thématique : Amour éternel / Eternité
Texte : Quand vous viendrez vers moi,
Qui suis sur d’autres rives,
Apportez-moi des fleurs sauvages ;
Ces fleurs qui chantent dans les bois,
Cueillies autour des villages,
Au gré des jours et des mois,
Muguet de mai ou genêts d’or
Ou gerbe de jacinthes bleues
Fleuries au bord de la rivière.
Moi dont l’humeur fut vagabonde,
Je tâcherai de vous suivre
Sur les chemins du monde.
Pensez que, sans doute, je suis
Quelque part au paradis
Et que je prie ou que je ris...
Et qu’infiniment je vous aime.
Titre : Demain, dès l’aube...
Auteur : Victor Hugo
Date : 1802-1885
A : Un être aimé disparu
Forme : Poème
Longueur : Moyen
Thématique : Absence/Tristesse/Amour éternel
Texte : Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au-dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Titre : Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses
Auteur : Alfred de Musset
Date : 1850
A : Un ami
Forme : Poème du recueil « Poésies nouvelles »
Longueur : Moyen
Thématique : Amour éternel
Texte : Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,
Pour savoir, après tout, ce qu’on aime le mieux,
Les bonbons, l’Océan, le jeu, l’azur des cieux,
Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.
Il faut fouler aux pieds des fleurs à peine écloses ;
Il faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d’adieux.
Puis le cœur s’aperçoit qu’il est devenu vieux,
Et l’effet qui s’en va nous découvre les causes.
De ces biens passagers que l’on goûte à demi,
Le meilleur qui nous reste est un ancien ami.
On se brouille, on se fuit. – Qu’un hasard nous rassemble,
On s’approche, on sourit, la main touche la main,
Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble,
Que l’âme est immortelle, et qu’hier c’est demain.
Titre : Des gens de tous les jours
Auteur : Anonyme
Date : Inconnu
A : Un être aimé disparu
Forme : Poème
Longueur : Moyen
Thématique : Gratitude
Texte : Il y a des gens comme ça,
qui respirent le calme
le calme et la tranquillité.
Il y a des gens qui sont
Comme des lumières dans la nuit,
Comme des braseros au plus fort de l’hiver.
Des gens qui, lorsqu’ils vous regardent,
Tout s’apaise.
Quand ils parlent
Tout en nous se fait attente, écoute !
Quand ils vous tendent la main,
on a envie d’être meilleur...
Oh ! ce ne sont ni des héros, ni des gens célèbres.
Ce sont des gens de tous les jours,
Des petites gens comme on dit,
Mais des géants de cœur.
Ces gens-là ne font ni grandes phrases,
Ni grands discours.
Ils sont là, un point c’est tout, et ça suffit !
Titre : Sur la mort de Marie
Auteur : Pierre de Ronsard
Date : 1556
A : Un être aimé disparu
Forme : Poème tiré du recueil « Second livre des Amours »
Longueur : Court
Thématique : Tristesse/Absence
Texte : Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l’aube de ses pleurs au point du jour l’arrose.
La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d’odeur ;
Mais, battue ou de pluie, ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt, feuille à feuille déclose.
Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la Terre et le Ciel honoraient ta beauté,
La Parque t’a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif et mort ton corps ne soit que roses.
Titre : L’aube est moins claire…
Auteur : Victor Hugo
Date : 1856
A : Un être aimé disparu
Forme : Poème du recueil "Les Contemplations"
Longueur : Moyen
Thématique : Temps qui passe
Texte : L’aube est moins claire, l’air moins chaud, le ciel moins pur ;
Le soir brumeux ternit les astres de l’azur.
Les longs jours sont passés ; les mois charmants finissent.
Hélas ! voici déjà les arbres qui jaunissent !
Comme le temps s’en va d’un pas précipité !
Il semble que nos yeux, qu’éblouissait l’été,
Ont à peine eu le temps de voir les feuilles vertes.
Pour qui vit comme moi les fenêtres ouvertes,
L’automne est triste avec sa bise et son brouillard,
Et l’été qui s’enfuit est un ami qui part.
Adieu, dit cette voix qui dans notre âme pleure,
Adieu, ciel bleu ! Beau ciel qu’un souffle tiède effleure !
Voluptés du grand air, bruit d’ailes dans les bois,
Promenades, ravins pleins de lointaines voix,
Fleurs, bonheur innocent des âmes apaisées,
Adieu, rayonnements ! Aubes ! Chansons ! Rosées !
Puis tout bas on ajoute : ô jours bénis et doux !
Hélas ! Vous reviendrez ! Me retrouverez-vous ?
Titre : Etre vivants
Auteur : Anonyme
Date : Inconnu
A : Un être aimé disparu
Forme : Poème
Longueur : moyen
Thématique : Acceptation
Texte : Être vivants
Sans s’occuper de l’air du temps
Vivre l’instant
À tout moment réinventé
Être vivants
Sans se courber d’où vient le vent
Vivre au présent
Dans la stridente Liberté
De la cigale de l’été
Être vivants
Sans s’accrocher au « bon » vieux temps
Vivre accueillants
L’irrésistible nouveauté
De l’inusable Éternité
Être vivants
Sans être mous et dépendants
Être muants
Vers la plus pure Humanité
Et mourir d’avoir Existé...
Titre : Je vivrai par-delà la mort
Auteur : Khalil Gibran
Date : 1883-1931
A : Ceux qui restent
Forme : Poème
Longueur : Moyen
Thématique : Espérance/Eternité
Texte : Je vivrai par-delà la mort,
je chanterai à vos oreilles
même après avoir été emporté,
par la grande vague de la mer
jusqu’au plus profond de l’océan.
Je m’assiérai à votre table
bien que mon corps paraisse absent,
Je vous accompagnerai dans vos champs,
esprit invisible.
Je m’installerai avec vous devant l’âtre,
hôte invisible aussi.
La mort ne change que les masques
qui recouvrent nos visages.
Le forestier restera forestier,
le laboureur, laboureur,
et celui qui a lancé sa chanson au vent
la chantera aussi aux sphères mouvantes.
Titre : Je t’attends
Auteur : Walt Whitman
Date : 1855
A : Ceux qui restent
Forme : Poème extrait du recueil « Feuilles d'herbes »
Longueur : Court
Thématique : Eternité / Espérance
Texte : Je me lègue à la terre pour pouvoir renaître de l’herbe que j’aime,
Si tu veux me revoir, cherche-moi sous la semelle de tes souliers.
Tu ne sauras guère qui je suis ni ce que je signifie
Mais je serai pourtant de la santé pour toi,
je purifierai et fortifierai ton sang.
Si tu ne réussis pas à m’atteindre
Du premier coup, ne te décourage pas,
Si tu ne me trouves pas à un endroit,
Cherche à un autre,
Je suis arrêté quelque part et je t’attends.
Titre : L’Adieu
Auteur : Guillaume Apollinaire
Date : 1913
A : Ceux qui restent
Forme : Poème extrait du recueil « Alcools »
Longueur : Court
Thématique : Espérance/Eternité
Texte : J’ai cueilli ce brin de bruyère,
L’automne est mort souviens-t-en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t’attends.
Titre : Souvenir
Auteur : Alphonse de Lamartine
Date : 1820
A : Un être aimé disparu
Forme : Poème extrait du recueil « Méditations poétiques »
Longueur : Long
Thématique : Amour éternel
Texte : En vain le jour succède au jour
Ils glissent sans laisser de trace ;
Dans mon âme rien ne t’efface,
Ô dernier songe de l’amour !
Je vois mes rapides années
S’accumuler derrière moi,
Comme le chêne autour de soi
Voit tomber ses feuilles fanées.
[...]
Mais ta jeune et brillante image,
Que le regret vient embellir,
Dans mon sein ne saurait vieillir
Comme l’âme, elle n’a point d’âge.
Non, tu n’as pas quitté mes yeux ;
Et quand mon regard solitaire
Cessa de te voir sur la terre,
Soudain je te vis dans les cieux.
Là, tu m’apparais telle encore
Que tu fus à ce dernier jour,
Quand vers ton céleste séjour
Tu t’envolas avec l’aurore.
Ta pure et touchante beauté
Dans les cieux même t’a suivie ;
Tes yeux, où s’éteignait la vie,
Rayonnent d’immortalité !
[...]
Du soleil la céleste flamme
Avec les jours revient et fuit ;
Mais mon amour n’a pas de nuit,
Et tu luis toujours sur mon âme.
[...]
Titre : Adieu
Auteur : Alfred de Musset
Date : 1850
A : Un être aimé disparu
Forme : Poème extrait du recueil « Poésies nouvelles »
Longueur : Long
Thématique : Chagrin / Deuil
Texte : Adieu ! Je crois qu'en cette vie
Je ne te reverrai jamais.
Dieu passe, il t'appelle et m'oublie;
En te perdant je sens que je t'aimais.
Pas de pleurs, pas de plainte vaine.
Je sais respecter l'avenir.
Vienne la voile qui t'emmène,
En souriant je la verrai partir.
Tu t'en vas pleine d'espérance,
Avec orgueil tu reviendras;
Mais ceux qui vont souffrir de ton absence,
Tu ne les reconnaîtras pas.
Adieu ! Tu vas faire un beau rêve
Et t'enivrer d'un plaisir dangereux;
Sur ton chemin l'étoile qui se lève
Longtemps encore éblouira tes yeux.
Un jour tu sentiras peut-être
Le prix d'un coeur qui nous comprend,
Le bien qu'on trouve à le connaître,
Et ce qu'on souffre en le perdant.
Titre : Ensemble
Auteur : Théodore de Banville
Date : 1846
A : Un conjoint
Forme : Texte extrait du roman « Les Stalactites »
Longueur : Court
Thématique : Amour Eternel / Eternité
Texte : Oh ! Quand la mort que rien ne saurait apaiser,
Nous prendra tous les deux dans un dernier baiser,
Et jettera sur nous le manteau de ses ailes,
Puissions-nous reposer sous deux pierres jumelles
Puissent les fleurs de rose aux parfums embaumés
Sortir de nos deux corps qui se sont tant aimés,
Et nos âmes fleurir ensemble, et sur nos tombes
Se becqueter longtemps d’amoureuses colombes !
Titre : La main
Auteur : Charles Van Lerberghe
Date : 1884
A : Un conjoint
Forme : Poème « La mort »
Longueur : Moyen
Thématique : Fin de vie / Acceptation
Texte : Oh ! Que sa main est petite et blanche !
On dirait une fleur qui penche…
Elle repose, elle dort,
Elle a touché la mort,
Elle est vide, et toute légère,
Elle a accompli son sort sur la terre.
Tu peux la prendre, ô Seigneur !
Elle a touché le bonheur…
La lune brille sur son visage,
Et ses yeux sont pleins de nuages.
Sa bouche pose, entrouverte et paisible,
Comme au bord d’une coupe invisible.
On a couché ses longs bandeaux
Comme des blés sous une faulx.
Lentement sans bruit, sans secousse,
La porte s’ouvre sur la nuit douce…
Titre : Le navire
Auteur : William Blake
Date : 1757 - 1827
A : Un être aimé disparu
Forme : Texte
Longueur : Moyen
Thématique : Eternité / Passage
Texte : Voici que je me tiens sur le rivage de la mer.
Un navire appareille.
Il déploie ses voiles blanches à la brise du matin et cingle vers l'océan.
C'est là un objet de beauté, et je restais à le regarder jusqu'à ce qu'enfin, il s'efface à l'horizon, et que quelqu'un à mes côtés dise : « Il est parti ».
Parti où ? Parti de ma vue, c'est tout.
Il garde la même taille, mâts, bastingage, et coque, que lorsque je le voyais, et il est tout aussi capable de porter son fardeau et son fret vivant à sa destination.
Qu'il diminue, qu'il échappe totalement à ma vue, voilà qui est en moi, pas en lui ;
Et juste au moment où quelqu'un dit à mes côtés : « il est parti », voici que d'autres le regardent venir et d'autres voies s'élèvent : « Le voici, il vient ».
C'est cela qu'on appelle mourir.