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Covid 19 - Comment faire son deuil quand on n'a pas pu assister aux funérailles ?

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main qui montre un album photo

Lors du premier confinement, où même les plus proches n’étaient pas toujours autorisés à se rendre à des obsèques, nous n’avons pas toujours pu participer à la cérémonie funéraire d’un cher voisin, du parent d’une amie, d’un collègue de travail, d’un camarade d’enfance… Le nombre de personnes pouvant assister aux cérémonies étant limités, on a laissé la priorité à la famille. Nathalie Vallet-Renart, spécialiste de l’accompagnement des moments délicats en entreprise, nous donne des pistes pour bien entourer les familles dans la peine, et adoucir le chagrin de n’avoir pas pu les accompagner.

 « Pendant le premier confinement, je me suis beaucoup rapprochée de Sofia, ma voisine. À l’automne, quand sa maman est tombée malade, j’ai fait ce que j’ai pu pour l’entourer dans cette épreuve. Mais quand elle est décédée, début janvier, je n’ai pas pu me rendre à l’enterrement. J’étais très décontenancée. Même si je ne connais pas Sofia depuis longtemps, on a partagé des émotions très intimes ces derniers mois. Et, pour moi, c’était une évidence d’être à ses côtés dans un moment pareil. Je fais tout ce que je peux pour adoucir sa peine, l’écouter, la consoler, mais au fond de moi, je suis en colère qu’elle ait été privée de ma présence ce jour-là. Et je n’arrive pas à sortir de cette rage. »

Louise, 38 ans, Lyon

 « Avec toute l’équipe, on ne s’est presque pas vus depuis le printemps. Après des mois de télétravail, un jour, on a appris le décès de Cédric, un de nos collègues, dans un accident de voiture. Ça nous a fait un choc. On n’a pas su quoi faire, à qui parler, quoi dire… Une des filles de l’équipe s’est renseignée : l’enterrement était réservé aux très proches. On s’est cotisés pour envoyer des fleurs et, à l’heure des funérailles, on a organisé un zoom entre nous pour parler de lui et partager nos souvenirs. Et puis on a écrit ensemble un petit mot à sa compagne pour lui dire combien il allait nous manquer. Mais depuis, on n’a toujours pas pu se retrouver tous ensemble, je ne sais même pas si quelqu’un a vidé son bureau, et on a tous le blues quand on pense à Cédric. »

Matthieu, 52 ans, Strasbourg

Exprimer son humanité

On peut ne pas faire partie des très « proches » d’une personne, et se sentir quand même très affecté par sa disparition. En temps ordinaire, les rituels funéraires sont aussi pour l’entourage, y compris l’entourage élargi, l’occasion de rendre un hommage à celles et ceux qui ont fait partie de notre existence. Ne pas pouvoir participer à ces rituels peut nous laisser assez désorientés. « Passer huit heures par jour, tous les jours, pendant plusieurs années au travail avec un collègue, ou partager une épreuve particulière avec une personne qu’on apprécie, même sans bien la connaître, ça crée des relations très fortes, auxquelles on s’identifie, explique Nathalie Vallet-Renart. Alors, quand la mort survient, c’est toujours un choc qui renvoie chacun de nous à sa propre fragilité et à ses propres besoins de consolation. Les rituels funéraires servent à se retrouver, ensemble, pour que chacun puisse exprimer son humanité et ressentir celle des autres. »

Inventer des rituels autorisés

Ce sentiment apaisant d’affronter le deuil ensemble peut nous manquer douloureusement lorsque nous ne pouvons pas prendre part aux funérailles. « En ces temps de pandémie où planent la peur et la mort, et où les mesures sanitaires nous usent et nous privent de ce partage de lien si réconfortant, ne pas pouvoir assister à des funérailles peut être vraiment une épreuve supplémentaire », confirme la spécialiste. D’autant qu’elles sont aussi un moyen de marquer, concrètement, la fin d’une histoire ou d’un chapitre, ce qui permet aux vivants d’entamer leur période de deuil, et plus sereinement. C’est pourquoi il est bon, lorsque participer aux rituels traditionnels s’avère impossible, de trouver d’autres formes de commémoration.  

« C’est une bonne idée d’inventer des rituels autorisés : allumer une bougie pour se relier aux autres au moment de la cérémonie ; se retrouver d’une manière ou d’une autre, en présentiel ou sur Internet, pour se souvenir ensemble des belles choses vécues avec le défunt et penser à lui. »

Affronter la tornade ensemble

Ritualiser nos adieux, même à des personnes moins « proches » et même loin des cérémonies « officielles », apaise et permet d’estomper les sentiments d’impuissance et d’isolement. « Le deuil est une tornade d’émotions où se mêlent le désespoir, la colère, la tristesse, l’incompréhension, conclut Nathalie Vallet-Renart. Trouver un moyen de l’exprimer et de le partager, et veiller les uns sur les autres, nous aide tous à l’affronter. »

Nathalie Vallet-Renart

a fondé Aldhafera, qui intervient auprès des entreprises et de leurs salariés dans les épreuves de la vie (aldhafera.fr), et

l’association Entreprise et cancer

Pour aller plus loin

A lire

100 Réponses aux questions sur le deuil et le chagrin de Nathalie Beauthéac (Le Livre de poche).

A écouter

Podcast « Pratiques funéraires et deuil au temps du Covid », Le Virus au carré, Matthieu Vidard, France Inter, 7 mai 2020 (sur franceinter.fr).

Nos guides conseils

Comprendre les démarches à suivre, s’orienter dans les choix à faire… Vous pouvez anticiper ces questions grâce à nos guides conseils, dès que vous le souhaitez.

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