Les étapes du deuil
Confronté à une perte, l’être humain réagit de diverses façons, à la fois biologique, affective, familiale, spirituelle et sociale. L’âge de l’endeuillé est une variable majeure de la réaction à la perte, mais aussi son sexe, sa culture. Enfin, la nature de la perte et celle de la relation antérieure, sa brutalité, le soutien de l’entourage sont des facteurs d’aggravation ou au contraire d’aptitude à la résolution du deuil.
Le deuil est une notion relativement large. En français, elle désigne à la fois la perte, le chagrin et enfin l’état dans lequel se trouve l’endeuillé. « C’est le deuil de mon père » : voilà la nature de la perte. « Je suis en deuil », voici le chagrin. « Nous porterons le deuil », il s’agit de l’état.
Le travail de deuil est encore une autre dimension. Pour faire face à la perte d’un être cher, nous devons passer par une période de chagrin qui exprime en fait les difficultés du détachement. Peu à peu, il faudra revisiter tous ses souvenirs, mais aussi tous les projets, les rêves et acception cette sanction : « plus jamais ». Mais avant de parcourir ce chemin marqué par une importante souffrance, plusieurs étapes sont nécessaires pour accepter la nouvelle de la disparition irréversible, de la vie remise en cause et du réamorçage de nouveaux projets.
L’acceptation de la nouvelle de la perte
Bien que l’espèce humaine soit la seule consciente de sa mort, elle repousse sans cesse cette issue. Comment en effet vivre sans refouler le fait que nous sommes mortels ? Sans cette légèreté, la vie nous paraîtrait bien angoissante ! Il en est de même pour ceux que nous chérissons. Nous ne pouvons sans cesse penser à notre situation s’ils venaient à disparaître, aussi nous trouvons-nous bien dépourvus lorsque cet événement se produit. C’est un véritable choc qui se traduit par l’incrédulité et l’impression que le temps se fige sans que nous puissions revenir en arrière. Pourtant au-delà des mots : « Ce n’est pas possible. Je ne peux pas y croire… », le caractère incongru de la nouvelle va s’atténuer et laisser place à la seconde étape du deuil, la révolte contre la perte.
La révolte contre l’inexorable
« Pourquoi moi, pourquoi lui, pourquoi maintenant ? ». Toutes ces questions submergent l’endeuillé et entraînent une dépense d’énergie physique et mentale considérable. Littéralement épuisé, l’endeuillé a en général intégré la nouvelle de la perte définitive dans les vingt-quatre heures qui suivent l’annonce de la disparition. Avant ce délai, il a certes compris qu’un être cher l’avait quitté, mais il reste sidéré par l’information et les décisions qui lui incombent seront d’autant plus difficiles que ses facultés d’anticipation sont amoindries par le choc.
La dépression
L’état de fatigue consécutif à l’intégration progressive de la nouvelle va rapidement aboutir à un laisser-aller des tensions physiques et psychologiques. Cette dépression (baisse de pression) est nécessaire pour récupérer plus tard son énergie. En revanche, si la dépression du deuil est normale, elle apparaît souvent comme honteuse ou coupable. De nos jours, la tristesse est rarement acceptée, surtout dans les milieux professionnels ou auprès des amis. Ainsi, le ralentissement psychomoteur, la difficulté à prendre des décisions, la chute du dynamisme naturel sont souvent combattus à l’aide d’artifices comme les médicaments. Anxiolytiques ou antidépresseurs ne doivent cependant pas être bannis à tout prix, mais en aucun cas ils ne seront pris systématiquement. Le travail de deuil passe par une souffrance incontournable liée directement à l’acceptation progressive de la perte irréversible.
La récupération
La dépression a une fin. C’est souvent une issue qui paraît impossible aux endeuillés récents. S’en sortir un jour, retrouver le sourire, une joie de vivre naturelle est pourtant possible après cette période de dépression. De nouveaux projets vont voir le jour. Mais la récupération est parfois entrecoupée de périodes de « retours en arrière », de retour à la dépression à la faveur de l’anniversaire du décès ou même lors d’une fête collective : Noël, fêtes ou simplement un week-end prolongé. Récupère-t-on vraiment un jour finalement ? On peut dire que le deuil est abouti lorsque la personne perdue est intériorisée, qu’elle persiste sous forme de souvenirs, comme le personnage d’une histoire définitivement close, mais aussi comme un proche bon et parfois moins bon.
Cette plaquette a été rédigée grâce au concours de Marie-Frédérique Bacqué, professeur de psychopathologie clinique à l’Université Louis-Pasteur de Strasbourg.
Auteur de plusieurs ouvrages sur les thèmes du deuil et de la mort.
« Le deuil à vivre » (1992, 2000), « Deuil et Santé » (1997),
« Mourir aujourd’hui » (1997),
« Apprivoiser la mort »(2003), tous publiés aux Editions Odile Jacob et
« Le deuil », PUF, Que sais-je, 2009.
En collaboration avec Michel Hanus, « Le deuil », Que sais-je, PUF 2000.
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Vivre Son Deuil
10, rue Taylor – 75010 Paris
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